Une étude ADN identifie des requins en voie de disparition dans la nourriture pour animaux, à Singapour
Les populations de requins océaniques et de raies ont décliné de 71% depuis 1970. Les trois-quarts des espèces de requins sont menacés d’extinction. Via la technique de barcoding moléculaire, qui permet le catalogage, l’identification moléculaire et la caractérisation génétique d’un individu à partir d’une courte séquence d’ADN, des scientifiques ont enquêté sur la fréquence de la présence de requin dans la nourriture pour animaux de compagnie à Singapour.
Ils ont ainsi testé 45 produits, de 16 marques différentes. La plupart des produits utilisaient des termes génériques tels que « poisson », « poisson de mer », « appât blanc » ou « poisson blanc » dans la liste des ingrédients pour décrire leur contenu. Certains mentionnant spécifiquement le thon ou le saumon et d’autres n’indiquaient pas de poisson du tout. Sur les 144 échantillons séquencés, 45 – environ un tiers – contenaient de l’ADN de requin.
(crédits : Santi Burgos)
Le top 3 des espèces les plus fréquemment identifiées ? Le requin peau bleue (Prionace glauca – 7 fois), le requin soyeux (Carcharhinus falciformis – 5 fois) et le requin de récif à pointe blanche (Triaenodon obesus – 4 fois). Les espèces détectées apparaissent pour certaines sur la liste rouge de l’IUCN (le requin soyeux et le requin pointe blanche y sont répertoriés comme « vulnérables ») ou sur l’annexe II de la CITES (ce qui signifie qu’une espèce n’est pas nécessairement menacée d’extinction, mais son commerce doit être contrôlé pour éviter une surconsommation incompatible avec sa survie).
Les scientifiques suggèrent que la présence de requins dans la nourriture pour animaux pourrait venir des nombreuses captures accidentelles : une fois les ailerons retirés, la carcasse du requin à une faible valeur. Cette industrie réutiliserait donc la chaire des requins, pour qu’elle ne soit pas gaspillée.
Ils demandent néanmoins un meilleur étiquetage des ingrédients, avec des normes à échelle internationale, pour que les consommateurs aient conscience de ce qu’ils donnent à manger à leurs animaux de compagnie.
De plus, la fraude aux produits de la mer et l’étiquetage délibérément erroné ou la substitution de produits, sont des problèmes mondiaux de plus en plus fréquents, menant à une utilisation non durable des ressources marines et en sa dissimulation.
A son échelle, Ailerons travaille depuis 2020 avec l’Université d’Exeter pour mieux comprendre les espèces de requins vendues dans les points de vente en Méditerranée française (supermarchés, poissonneries, etc.) et cherche à caractériser les erreurs d’étiquetage vis-à-vis des espèces de requins.
Pour plus de détails, voir l’article : https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmars.2022.836941/full